Philippe Besson, écrivain proche de Macron (3’49 à 4’02) : « On vient de réussir un braquage, c’est comme dans Ocean’s Eleven, sauf qu’on était moins nombreux. Et il dit, à propos de l’Élysée “faut dire qu’on connaissait le proprio et qu’on avait les plans”. »
Dans notre régime démocratique, le vote du peuple n’est qu’une formalité. C’est la leçon de ce documentaire réalisé et produit par BFM TV qui est, on peut le dire, juge et partie dans l’opération de prise de pouvoir du jeune Emmanuel Macron le 7 mai 2017. Le suffrage universel, les besoins des Français, la situation du pays, rien de tout cela n’apparaît dans l’histoire de cette ascension magique. Les Français sont les grands absents de cette opération d’autoglorification politico-médiatique, et cette absence a un sens : les choses se font sans eux.
Michel Sapin (17’18 à 17’26) : « Ceci se faisait au détriment du président de la République qu’il était en charge de servir, en servant la nation »
Et « les choses », c’est tout simplement le travail efficace des fées du pouvoir profond (FPP) qui ont pondu, élevé et soigné un ver dans le fruit élyséen. Il est vrai que le fruit commençait à pourrir et à inquiéter sérieusement les FPP : le peuple était en train de s’apercevoir que les choses se faisaient non seulement sans lui, mais contre lui ! Il fallait absolument remplacer le catastrophique Hollande et le casserolé Sarkozy, le premier ayant trahi la gauche sociale, le second la droite nationale. Une gauche contre la sociale et une droite contre la nation, l’arnaque était trop visible et portait préjudice aux FPP.
« Dany Cohn-Bendit (52’33 à 52’37) : « Mais c’était violent, il a cassé la droite la gauche il a tout cassé ! » »
Alors elles inventèrent le Sauveur, le sauveur de leurs marges et de leur pouvoir, cela va sans dire. Pour les Français, qui ont pourtant voté à 66% pour le Sauveur, tombant dans le piège tendu, cela ne produira aucun changement : il y aura même encore moins de social et de national, ce qui est la définition du programme du pouvoir bancaire transnational (PBT). Le social, ça coûte (du vrai pognon), et le national, ça limite (les profits), donc à dégager. Mais il fallait au Sauveur un costume à la fois national et social, « ni droite ni gauche », au-dessus des partis, mesquins et déconsidérés, pour berner les bernables.
Le « casse du siècle » ? Bof, piquer son sac à un aveugle...
On assiste pendant 54 minutes à la fabrique d’un président sur mesure, avec les FPP qui se transforment en tailleur. D’ailleurs, il est question d’un tailleur (du Sentier !) qui adaptera les costumes trop (bancairement) voyants du Sauveur aux besoins d’un peuple qui avait surtout besoin d’être rassuré. Après la tempête terroriste et le choc migratoire, déclenchés à dessin...
La voix off : « Pour gommer son image de banquier, se rapprocher du peuple, Emmanuel Macron va devoir abandonner sa garde-robe, des costumes larges, ternes, pas vraiment à son avantage. Et la métamorphose démarre ici, dans la boutique de ce tailleur du Sentier. »
Le Sauveur sera déguisé en roi, enfin en prince, et ce sera son surnom : « le petit prince ». Le reste, l’argent, la propagande et l’élection, seront des formalités vite expédiées. Un mouvement avec un nom trouvé lors d’un brain storming de pubeux, un ruissellement de pognon venu des « amis » (mais on ne parle pas de GL Events), un arc républicain bidon avec trois résidus du PS et cinq tocards de la société civile, un think tank piloté par les FPP qui décident de tout – du timing et des hommes – et le tour de renard sera joué.
Le peuple n’y aura vu que du feu. mais un feu d’artifice éblouissant dont les médias dominants tireront les fusées : oh la belle bleue, oh la belle rouge fait le peuple, les yeux d’enfant étincelant, roulant de bonheur, pendant que le Sauveur et sa bande lui font les poches…
Macron au Puy-du-Fou en août 2016 (32’35 à 32’44) : « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste, je suis euh, au gouvernement dans un gouvernement de gauche mais, je veux dire, quelle importance ? »
Il y a un certain risque à raconter l’histoire immédiate, surtout en politique, ce domaine où les choses et leur explication mettent parfois des années, voire des décennies à sortir. Cela n’a pas empêché BFM TV de proposer une « enquête » sur la prise de pouvoir encore chaude d’Emmanuel Macron.
En réalité, le petit prince était promis au pouvoir depuis 2014 au moins, et Hollande, qui l’a chaperonné, n’avait pas l’air d’être dans la confidence des faiseurs de rois (les FPP). C’est la limite de l’enquête des journalistes de la maison Drahi qui n’a pas compté ses efforts pour faire élire le chouchou de la paire Minc-Attali. Car ce sont ces personnages qui apparaissent comme les tireurs de ficelles.
Ils ont « sauté » la Démocratie et ils ne peuvent s’empêcher de crier victoire
On apprend toutefois, à l’origine du braquage, que c’est Manuel Valls – ô surprise – et Jacques Attali qui ont fait pression sur François Hollande pour qu’il nomme Macron en août 2016 au poste de ministre de l’Économie (mais pas des Finances). C’est de là qu’est partie toute l’opération « Braquage à l’israélienne ».
Pourquoi « israélienne » ? Quel rapport avec Macron et son staff de jeunes loups trentas ? Oh, aucun, c’était juste pour faire un effet littéraire. On aurait pu écrire « Braquage à l’italienne » ou « Hold-up à la milanaise », mais c’était déjà pris, et surtout moins vendeur.
Jacques Attali (35’40 à 35’48) : « François [Hollande], qui est un être gentil, loyal, a cru jusques et y compris au moment de la démission d’Emmanuel qu’Emmanuel allait le soutenir. »
En vérité, nul braquage dans cette histoire : Macron a eu l’autorisation hiérarchique de noyauter l’Élysée et de bouffer son locataire, comme une guêpe pondue dans une araignée. Ensuite il a bouffé le corps de son hôte, et le 7 mai (2017), il est sorti de sa gangue, tout frais, bourré de protéines.
« Alors qu’Emmanuel Macron va souffler d’ici peu sa première bougie à l’Élysée, c’est aussi l’occasion de réaliser le chemin parcouru, à titre personnel, depuis l’affirmation de ses ambitions, l’annonce de sa candidature et enfin la bataille électorale qui l’a conduit à la victoire finale, face à l’extrême droite. »
On s’amuse bien quand Libé écrit ça. La victoire de Macron ne s’est pas faite contre « l’extrême droite » – la version officielle pour idiots, l’élément de langage coutumier du journaliste mainstream – mais bien contre le peuple de France. qui paye aujourd’hui sa naïveté. Et qui va payer de plus en plus. Le salaire de la connerie, pourrait-on dire.
« De la petite équipe totalement dédiée à sa cause et revendiquant une culture start-up, aux démonstrations de force des meetings de fin de campagne, on mesure une nouvelle fois combien sa victoire n’était pas toute tracée. »
« Pas toute tracée » ? Allons, Libé, c’est pas parce que Drahi a mis 14 millions sur la table pour sauver le journal qu’il faut écrire des craques. Là on est carrément dans la fake news !
Si ça n’est pas une conspiration alors qu’est-ce que c’est ?
Que restera-t-il de ce documentaire pour enfants ? Les deux propos d’Attali, qui a fait Macron et qui lui a trouvé son Premier ministre. La messe est dite, et à la synagogue s’il vous plaît.
Jacques Attali a murmuré le nom du LR Philippe à Macron en février 2017 (48’22 à 48’45) : « Écoutez il y a quelqu’un que je connais bien… Donc j’ai invité Édouard prendre un verre, je lui ai demandé s’il était prêt à bouger… Après ils se sont vus et ça s’est passé ensuite sans moi. »